J’étais
le dernier de la file des cavaliers .Je voyais les chevaux et les hommes qui
traversaient difficilement chacun à leur tour les sables
mouvants; la peur s’emparait de moi, des frissons me parcouraient le dos.
Le sable semblait s’avancer vers moi à toute vitesse comme une pieuvre qui mangeait tout sur son passage. Les hommes
courageux se débattaient avec la bête mais c’était souvent le
monstre qui l’emportait. Les soldats disparaissaient peu à peu dans le chaos avec leurs chevaux. Les sables
paraissaient praticables mais une fois
dedans c’était l’enfer. Une odeur insupportable de sel nous prenait à la gorge. Mon cheval
commença à trembler en voyant ses camarades mourir devant lui. Nous nous
avançâmes doucement ; tout d’un coup je sentis que je m’enfonçais; le
sable me rongeait déjà, mon cheval et
moi nous nous débattions. Je sentais l’humidité marine me transpercer. Seuls
quelques boucliers flottaient, signes de défaite et de mort; j’étais à bout de
souffle quand je sentis qu’on agrippait mon
bras.
Claire-Océane, Karl,
Rafael