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                                  Exemples de dialectes rencontrés en 5° C                                                                                           

 

Rencontre avec Rémi Cuisinier, passeur de mémoire…

 

Il faut connaître le passé pour comprendre le présent et préparer l’avenir.

 

Petite biographie

       R. Cuisinier est originaire de Haute-Rivoire, village à la limite des Monts du Lyonnais et du Forez. Comme beaucoup de jeunes de la campagne, il a quitté la ferme familiale pour aller travailler à Lyon. Sa curiosité et son goût pour l’histoire lui ont permis d’écrire plusieurs ouvrages historiques et de créer un site Web sur le franco-provençal dont il parle avec passion.

 

Les noms de famille                                                                      

       Aux alentours de l’an Mil  les gens n’avaient qu’un seul nom et cela suffisait. Seuls les Germains, venus vers 900, portaient un deuxième nom. On peut citer Odin, dérivé du nom du dieu viking, Berthier, Gerin. Pendant les années 1000 on craignait la fin du monde et il y a eu moins de guerres, ce qui a sans doute contribué à provoquer une période de démographie galopante. Dès lors les Jeanne, Guilhelm, Antoine... étaient trop nombreux ; pour différencier les personnes il a été nécessaire  de donner un deuxième nom.

Comment a-t-on formé les « noms de famille » ?

       -  nom du père

-         nom d’un saint : Denis, Didier, Michel, Robert..

-         nom de métier : Cuisinier (chargé de préparer et rôtir la viande), Tisseur, Pelletier (chargé d’assouplir les peaux de bêtes avant de les utiliser), Servant

-         caractéristique physique : Petit, Gros, Roux, Bouchu (qui a une grande bouche)…

-         caractéristique morale : Piedgai, Marjolai (joyeux et élégant), Sève ( sage)..

-         lieu de domicile : Dupont, Poncet, Ponchon / Chassagne (là où poussent des chênes), Olagner (noisetier)

-         origine : Paris, Velay../Moreau, Morin (origine sarrasine)

 

Les moines cisterciens

       Les moines cisterciens étaient des moines paysans bénédictins, c’est-à-dire qu’ils appliquaient la règle de Saint Benoît. L’ordre a été créé par Robert de Molesme en Bourgogne, à Cîteaux où poussaient beaucoup de cistels (roseaux).En 1180 ils se sont installés à Haute Rivoire et ont apporté leur savoir : ils ont appris aux habitants à essarter (= défricher) les forêts  et à exercer de nombreux travaux manuels (culture, construction ...). Parmi les archives du prieuré de Haute Rivoire on a trouvé un terrier de 1448, actuellement déposé aux Archives Départementales du Rhône. Un terrier est un registre foncier, c’est-à-dire qu’il donne beaucoup d’informations sur les noms des gens, leur métier, le territoire. Celui-ci était écrit en latin et a été traduit par un paléographe (spécialiste des écritures anciennes). Sur la première page on reconnaît le mot Lugduni (Lyon).

 

Le franco-provençal

Ce terme désigne les dialectes parlés dans une zone située entre la zone de la langue d’oïl et celle de la langue d’oc, à l’Est de la France comme par exemple dans la région du Lyonnais et du Forez. Vous pouvez voir une carte historique des dialectes de France sur le site de R.Cuisinier. Le franco-provençal comporte des mots latins, gaulois, germains etc. Il s’est formé grâce à la communication entre les différentes populations notamment autour des voies qui reliaient Rome à Lyon puis à l’Aquitaine. Les soldats romains, les marchands, les populations locales ont peu à peu donné naissance à une langue qui s’est transmise oralement jusqu’à nous.

 Marguerite Gonon, historienne, a pu traduire 6000 chartes testaments du Forez et 4000 du Lyonnais ; ces textes en franco-provençal étaient rédigés par le notaire qui écrivait les dernières volontés du mourant en ajoutant parfois des terminaisons latines à des mots patois. Grâce à son travail on a une connaissance exceptionnelle de la vie au Moyen âge dans nos régions.

        Le patois se transmet de génération en génération et ne doit pas être perdu parce qu’il est notre mémoire. C’est une langue porteuse d’histoire, de simplicité et du bon sens de la vie quotidienne des gens de la terre. Son vocabulaire est si riche que pour traduire un mot il faut souvent utiliser toute une périphrase de notre français d’aujourd’hui. Vous pouvez lire des contes en franco-provençal sur le site : http://francoprovencal.free.fr/contes.html

 

Arevère !